vendredi 4 février 2011

Вишнёвый сад

Les images, l'atmosphère, le ressenti, la réminiscence, l'évocation... Voilà ce qu'il me reste de l'apnée théâtrale d'hier soir. Mal à l'aise durant toute la représentation, je me suis malgré tout concentrée sur le spectacle, sur la performance des comédiens et sur le texte. Parvenant à établir des parallèles avec ma propre histoire, avec la maison de Penne qui n'est désormais plus qu'un souvenir, je butais sur ce malaise qui m'étreignait. Un sentiment de n'être pas assise à ma place. Le dessin des dents d'une scie dépeint mon état d'esprit actuel et je ne cesse d'osciller entre un optimisme confiant et un découragement, pour ne pas dire désespoir, abyssal. Le mouvement de balancier cogne et propage les ondes de chocs sur toute la cavité interne de ma boîte crânienne, dont les parois se retrouvent fragilisées. Mon enveloppe charnelle se recroqueville, cherchant la chaleur qui semble la fuir. Alors que la température extérieure a un peu augmenté ces derniers jours, je ne parviens pas à m'expliquer ce phénomène étrange de froid incessant. Le chauffage est pourtant allumé mais mes doigts sont constamment glacés et mon buste parcouru de frissons. Je me suis surprise à savourer le brossage des dents pendant lequel je me colle inconsciemment au radiateur mural de la salle de bain. L'impression d'apesanteur sidérale n'a pas encore cessé et tout semble suspendu. Comme lorsque la neige tombe, que le silence s'installe, que tout change aux alentours mais de manière feutrée, sans brusquerie, presque imperceptiblement. Tout ce qui nous entoure se modifie, se transforme. Tous les éléments familiers du décor disparaissent sous l'épais tapis blanc, ne laissant plus deviner que des formes aliénées. Si l'on peut aimer cette atmosphère insolite, elle n'est qu'une apparence de ce qui gît au-dessous, dont on sent l'être et dont on attendra le retour visuel pendant des périodes plus ou moins longues. Le crissement des pas dans la neige symbolise en quelque sorte cet état autre, cette étrangeté dérangeante mais parfois plaisante, comme peuvent nous le montrer les chats s'aventurant précautionneusement dans la poudreuse. L'hiver et son cortège de bizarreries règnent présentement sur l'espace, m'entraînant dans une torpeur angoissée. L'instinct me pousse à chercher le retour à la normale. À attendre, à espérer la renaissance, la reprise et le renouveau.
La floraison des cerisiers.

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mardi 1 février 2011

Spinning

Découlant de tout ce chamboulement actuel, aujourd'hui semble avoir été une sorte de pont entre l'avant et l'après. J'ai pris mon premier rendez-vous pour participer à un atelier d'écriture et j'ai eu la surprise de voir un exercice d'écriture, envoyé hier soir à un écrivain reconnu, publié aujourd'hui sur son site dans le cadre récréatif de son blog d'écrivants. De même que le changement inattendu de programme de ma vie mondaine demain. Inlassablement, l'analyse, la recherche et le questionnement occupent mon temps. Je revois des journées d'il y a vingt ans, passées sur la moquette d'A., buvant du thé et refaisant le monde. Vingt ans déjà et tout reste encore à refaire dans ce pauvre monde. La connerie règne toujours partout, les incompréhensions foutent toujours la merde même entre les meilleurs, l'impossibilité de communiquer, les frustrations, les traumatismes et l'affect handicapent toujours la plupart d'entre nous. Alors que la lessive tourne, la turbine cérébrale s'emballe. Je me prends à considérer que l'essorage de mon linge et le tambour de mon cerveau tournent au même rythme. Mais comment étendre ma matière grise ? Il y a seulement quelques semaines, je regardais passer un train sur une table, suivant les rails entre les assiettes, avant de monter dans un autre, plus grand, pour aller témoigner une dernière fois de mon affection à celle qui le méritait bien. J'avais fait la réflexion que je commençais à comprendre les vaches mais j'ai ce soir la présence d'esprit de ne pas rester face à mon lave-linge pour écrire. Sans quoi, c'est à rasades de destop qu'il me faudrait probablement tenter de coucher les mots dans cet encart blanc qui se laisse sisyphement déflorer au fur et à mesure que se déverse mon ressenti.
Même si j'ai l'impression de m'être sentie mieux aujourd'hui que toute la semaine écoulée, j'attends toujours l'accomplissement de cette quête aveugle, de trouver la fameuse voie royale qui me fera finalement réaliser que je l'ai enfin trouvée.




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